Dans cet article :

    L'industrie est-elle un marché de plus en plus concurrentiel ?

    La concurrence n'a pas pour vocation de faciliter la vie des entreprises. Lorsqu'elles le peuvent, celles-ci ont même tendance à s'entendre, pour se ménager des « chasses gardées ». C'est le principe même des cartels. La concurrence est en théorie plus favorable aux consommateurs. Pour autant, libéraliser et mondialiser les marchés ont aussi pour conséquence de favoriser les plus forts. L'industrie est ainsi soumise à une concurrence exacerbée, qui progressivement fait disparaître les moins performants. Quant aux consommateurs, s'ils bénéficient d'abord de la concurrence, via le digital notamment, ils se retrouvent rapidement face à de quelques grands groupes, qui ont évincé les autres, et à des produits uniformisés, malgré leur abondance.

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    La taille des marchés modifiée par la mondialisation

    Une entreprise prospère peut se sentir à l'étroit sur son marché domestique. Pour trouver de nouveaux débouchés, elle peut décider de partir à la conquête du monde ! Mais des entreprises étrangères peuvent aussi venir la concurrencer chez elle pour lui « prendre » ses clients. La mondialisation est à double tranchant. Pour certains acteurs, les frontières sont un frein à l'expansion ; pour d'autres, elles sont une protection. Sans elles, ceux-là se trouvent confrontés à de puissants concurrents internationaux, alors qu'ils n'ont pas les moyens ni même, pourquoi pas, l'envie de s'internationaliser. À chacun ses objectifs, ses stratégies. Reste que si les frontières n'empêchent pas le commerce international — elles peuvent juste le compliquer —, leur absence livrent nécessairement toutes les entreprises aux vents du large, même celles qui se contentaient de leurs clients locaux… Pour quelques chefs d'entreprise ambitieux qui souhaitent conquérir le monde, combien sont-ils obligés, eux aussi, se lancer dans la bataille internationale, juste pour survivre ?

     

    Les écarts de coûts

    À cette mise en concurrence des entreprises du monde entier s'ajoute celle de la main-d'œuvre. La mondialisation de la chaîne de valeur, comme disent les spécialistes, a eu notamment pour effet de dissocier géographiquement les donneurs d'ordres et les producteurs. Cette nouvelle organisation s'est accompagnée d'une optimisation des coûts de production. Et qui dit optimisation dit recherche des prix les plus bas. Lorsque la recherche du moins-disant devient le graal, il est tentant pour les entreprises de délocaliser leurs sites de production. Pourquoi en effet continuer à payer des salaires « élevés » dans son pays d'origine quand il est possible d'obtenir un résultat peu ou prou identique ailleurs, en payant cinq, dix, vingt fois moins cher ? La concurrence s'est dès lors installée non plus seulement entre les entreprises, mais entre les travailleurs eux-mêmes. Les ouvriers des pays dits pauvres sont devenus les concurrents directs des ouvriers des pays riches. Pis : au sein d'une même entreprise, les différents sites de production se livrent une bataille sans merci pour être plus compétitifs que leurs collègues et obtenir la production de produits. La « guerre » ne se fait pas seulement entre concurrents, mais aussi entre salariés d'une même entreprise. Et lorsque cela ne suffit pas encore pour réduire les coûts, il est possible de licencier tout le monde, ou presque…

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    La solution de la sous-traitance

    Pourquoi en effet salarier des producteurs, acheter des machines et payer pour d'immenses locaux alors qu'il suffit de ne conserver que des bureaux et quelques designers, ingénieurs, communicants et commerciaux ? Le recours à la sous-traitance n'est pas un phénomène nouveau : faute de moyens de production, les géants de la grande distribution ont, par exemple, toujours confié à d'autres la production des produits qui portent leur(s) marques(s). Ce sont des commerçants, pas des fabricants. Avec la mondialisation, ils ont en revanche abandonné leurs sous-traitants habituels pour faire appel d'autres, plus lointains et moins coûteux. Cette mondialisation a également donné naissance à un nouveau type sociétés, dites fabless. Pour suivre ce modèle et réduire au minimum leurs coûts fixes, nombre d'entreprises se sont débarrassées de leurs usines pour les remplacer par des producteurs extérieurs, là aussi implantés dans des pays à bas coûts. Beaucoup n'ont conservé que conception, design, commercialisation et stratégie web. Tous les aspects productifs ont été externalisés. Pour le dire autrement, les marques et anciens fabricants ont conservé et parfois accru le nombre de leurs cols blancs et se sont défait de leurs cols bleus. Les entreprises se sont dès lors concentrées sur le service.

     

    L'évolution de l'industrie vers le service

    En quelques années seulement, et ce quel que soit le secteur de l'industrie, des multinationales qui employaient des milliers de salariés pour fabriquer leurs produits se sont transformées en concepteurs, marketeurs et distributeurs de marchandises fabriquées par d'autres, des milliers de kilomètres. Hier industriels, ils veillaient au process industriel, au renouvellement des machines, aux conditions de travail de leurs salariés, etc. Aujourd'hui prestataires de services, ils gèrent leurs relations avec les fournisseurs, optimisent leur chaîne d'approvisionnement, surveillent la qualité des produits réceptionnés, contrôlent leurs stocks, commercialisent et communiquent. Une part de plus en plus importante de leur activité consiste à soigner relations clients et image via le digital, à développer des stratégies web. En se dégageant des activités proprement productives, les entreprises se sont débarrassé des postes les plus intensifs en main-d'œuvre. L'équilibre est aujourd'hui rompu entre les salariés producteurs — qui ont largement disparu — et les salariés consommateurs. Les premiers achetaient jadis ce qu'ils fabriquaient. Les seconds acquièrent désormais ce que d'autres, ailleurs, produisent ; et ils ne disposent plus, le plus souvent, de moyens suffisants pour consommer les quelques marchandises encore fabriquées localement.

     

    Le rôle des politiques

    Les acteurs économiques considèrent que c'est aux pouvoirs publics de créer les conditions propices au développement, mais aussi d'atténuer, de corriger les excès de la mondialisation. D'un côté, on leur demande d'agir pour séduire et attirer les entreprises, pour faciliter la création d'emplois. Il s'agit alors de baisser les « charges » patronales, d'assouplir le droit du travail, de mettre en place des aides financières, de mettre à disposition des terrains, de prendre en charge formations et investissement, etc. Bref, de créer des conditions favorables à l'installation de nouvelles entreprises. De l'autre, on estime que les pouvoirs publics doivent avant tout veiller aux intérêts des salariés, en termes de salaires, de formation, de condition de travail, de retraite, etc. Ces deux rôles sont généralement antagonistes, parfois même incompatibles. Les autorités doivent pourtant essayer de concilier les uns et les autres. Les hommes et les femmes attendent de ces autorités qu'elles agissent pour créer des emplois, donc pour séduire les entreprises ; puis, une fois salariés, ils veulent être protégés contre les agissements de ces mêmes entreprises. Malheureusement, si les pouvoirs publics disposaient jadis de moyens d'action, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Si un État s'avise de rééquilibrer les rapports de force entre entreprise et salariés, il est rapidement rappelé à l'ordre par les marchés, qui financent désormais les investissements, parfois la vie quotidienne de cet État.

     

    La mise en concurrence mondialisée des industries — et des économies dans leur ensemble — ne cesse de s'étendre. Des secteurs de l'industrie jusqu'ici protégés — santé, défense, transports, recherche… — sont désormais sous pression et doivent de plus en plus s'ouvrir à la concurrence, faute de financements publics. Et à moins d'une remise en question mondiale de ce modèle, provoquée par des conflits armés majeurs, par une catastrophe climatique ou une crise sanitaire planétaire, il y a peu de chance — pour ses détracteurs — ou de risques — pour ses défenseurs — que cela n'arrive…

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    L'auteur
    Eric Huertas
    Eric Huertas

    CEO et Consultant E-Business au sein de l’agence PumpUp, je mets à profit mon savoir faire au service des PME et Grands Comptes afin de structurer leur stratégie commerciale digitale et de rentabiliser leurs investissements web.

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